La plupart des enseignants de langues vivantes étrangères n’étant pas natifs du pays dont ils enseignent la langue, accueillir un assistant dans l’école permet d’avoir un accès direct à du matériel de base : une pratique moderne et naturelle de notre langue maternelle (même si présenté comme ça, ça sonne davantage comme une publicité pour shampooing à destination de jeunes urbains actifs).
C’est pourquoi, selon les écoles, on peut nous demander différentes choses allant de l’enregistrement d’un texte à la préparation d’un examen écrit, en passant par des jeux sur le vocabulaire ou une explication de ce que sont la laïcité et les vélib’. Pour ce faire, notre emploi du temps prévoit 12 à 18 heures de présence en classe par semaine, voire plus si besoin et si l’assistant est d’accord (moyennant alors une augmentation de son salaire), le travail à la maison n’est pas contrôlé.

les profs et membres de l’administration portaient ce type de vêtements
Les missions pouvant être confiées à un assistant ainsi que les exigences envers son attitude et sa tenue diffèrent bien sûr en fonction du type d’établissement dans lequel il est envoyé. Certains interdisent par exemple les jeans et le maquillage à leur personnel tout en insistant sur l’importance des talons hauts, là où d’autres se contentent de demander une tenue correcte, dite « casual-smart » ; c’est le directeur de l’école qui à le dernier mot sur la question. Personnellement, j’ai été chanceuse et avais non seulement droit aux jeans mais ai également pu conserver mes petits écarteurs d’oreille ainsi que mon piercing (labret, donc visible, dont on m’a seulement dit qu’il me faudrait l’enlever si le chef d’établissement le demandait). Les élèves n’avaient quant à eux évidemment pas grand chose à faire de ma tenue, sauf à s’amuser de mes piercings et complimenter mon choix de tee-shirts (Up all night to get Loki et autres rigoleries).

tous les affichages sont bilingues, ce qui ne doit pas aider à la délimitation
Selon les régions, les exigences scolaires varient et il se trouve ainsi qu’au Pays de Galles l’apprentissage du gallois est obligatoire (comme l’irlandais en Irlande). Or, lorsqu’on a des élèves qui apprennent plusieurs langues en même temps, beaucoup de leurs mots risquent de permuter de répertoire, particulièrement les conjonctions de coordinations et les nombres ; de même, leur prononciation peut fluctuer entre leur langue d’origine, la langue ciblée et une autre qui s’inviterait dans la discussion. Ces basculements peuvent se faire sur l’autre langue étrangère ou même sur la langue maternelle, surtout si le terme recherché y est relativement similaire. J’ai choisi de répéter les mots qui ne convenaient pas afin que les élèvent se rendent compte de ce qui sonnait bizarrement dans leurs phrases, ou d’écrire le mot tel qu’ils le prononçaient, mais il y a sûrement des méthodes spécifiques pour filer un coup de main à ce type de public.
Par exemple, dans le cas des élèves gallophones ou même simplement apprenant le gallois : « et » devient « a » , « mais » devient « ond » , les « f » sont prononcés comme des « v » et les « ch » peuvent devenir ce raclement guttural caractéristique décrit précédemment.

Être assistant de français, ou plus largement même enseigner les langues étrangères, c’est aussi avoir des petits instants de panique intérieure quand on se demande comment expliquer à une jeune élève qu’elle ne peut pas dire « Je jouis chaque week-end quand ma copine vient coucher avec moi » , malgré son indubitable exactitude grammaticale, pour finir par lui suggérer « Je suis contente que ma copine vienne dormir chez moi tous les week-ends » en prétextant que c’est plus français dit comme ça.
Lors des petites pauses qu’on peut organiser pendant les cours ou lors de sessions de questions informelles auprès des plus jeunes classes, il faut être préparé à briser quelques cœurs : « Mademoiselle, pourquoi en France vous avez des restaurants de toutes les cuisine du monde entier mais pas d’Angleterre ? » .

comment dire ?
Aussi, bien sûr, il faut être préparé à affronter un certain nombre de « Voulez-vous coucher avec moi ? » plus ou moins mal prononcés (wüléwou küshé awék moye / vülvü kshé avouèk moï / etc.).
A venir : de la France avec la visite du palais bourbon de l’assemblée nationale, l’auberge High Street à Édimbourg, le musée de Cardiff et je sais plus où j’en suis dans ma liste donc à voir…